Sports de nature : co-construire la protection des aires marines protégées - La Gazette des communes
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Neuf territoires passés au crible, une quinzaine de chercheurs mobilisés, plus de cent entretiens conduits… pour une immersion sportive au sein des aires marines protégées (AMP)(1). Autrement dit, des parcs nationaux, réserves naturelles, sites Natura 2000, réserve nationale de chasse ou et de faune sauvage ayant une partie maritime.
Autant de sites largement ouverts aux sports de loisirs et de nature, « pratiques qui ne sont pas sans effets sur le milieu », resitue Jean-Eudes Beuret, professeur à l’Institut Agro Rennes-Angers, en préface d’un ouvrage consacré à cette étude(2). A ses yeux, « les règles de l’AMP peuvent avoir aussi des effets sur les activités ». Encore faut-il qu’elles soient « connues, comprises et acceptées », d’autant plus quand il est question par exemple, de pêche à pied, de randonnée ou de stand up paddle… Et pas besoin « de massification pour provoquer des impacts dont les pratiquants n’ont souvent pas conscience », poursuit-il. « Le stand up paddle est généralement vu sans effet par ses pratiquants mais le fait d’aller là où personne ne va, peut avoir un impact en dérangeant une faune spécifique sur la frange littorale ».
Une co-construction à… construire
Pour autant, limiter ces activités « est délicat. Et miser sur un appareil répressif, illusoire, notamment au vue des moyens de contrôle dont disposent des AMP telles qu’un parc naturel marin ». La clé : « co-construction et co-appropriation » des règles, rétorquent les sociologues et maîtres de conférences Ludovic Martel (Università di Corsica) et Arnaud Sébileau (Université d’Angers), deux des trois coordinateurs de ce livre, qui renvoient « à la question de la gouvernance des AMP, dans lesquelles on retrouve les débats récurrents sur les diverses façons d’envisager ces territoires entre la mise sous cloche ou la conciliation des usages ».
Entre luttes d’influences et intérêts partagés ou non, « la problématique de la démocratie participative au sein de ces AMP constitue un vrai sujet », poursuit Ludovic Martel, qui pointe d’emblée une « surreprésentation des élus ». Est-ce vraiment illogique ? « Disons que ce point n’est stipulé dans aucun texte », rétorque-t-il, avant d’énoncer la liste des collèges présents dans les conseils de gestion, comités de pilotage ou autres instances : « les élus donc mais aussi le mouvement associatif (défense de l’environnement, écologie, sport…), des représentants socio-professionnels (nautisme, pêche…), ceux de l’Etat ainsi que des personnes qualifiées ».
Une multiplication des instances
Dans ces instances, se pose également la question de la représentativité des sportifs individuels « non organisés ». Contrairement à leurs homologues en club – dont les intérêts ne sont pas forcément les mêmes – ces pratiquants qui représentent la grande majorité des usagers des sports de nature ne figurent pas dans les instances des AMP. Quant au collège de l’Etat, « sur bien des sites, les services du ministère des Sports n’y figurent pas. Soit ils ne siègent pas, soit ils ne se déplacent pas aux commissions ».
Lesquelles s’ajoutent aux commissions départementales des espaces, sites et itinéraires (CDESI) et même aux conférences régionales du sport (CRS) où peuvent aussi être abordées ces questions. Et Arnaud Sébileau de conclure : « la multiplication des instances d’encadrement ne facilite d’ailleurs ni la tâche des élus car elle exige un surplus de connaissances, ni celle des usagers qui ne savent globalement pas à qui s’adresser. »
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Définition de l’AMP par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : « espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés » Retour au texte
Note 02 Politiques du littoral et sports de nature. Du cadre national aux configurations locales : l’exemple des aires marines protégées. Ludovic Martel, Johan Jouve, Arnaud Sébileau, coordinateurs. Editions Quae. Retour au texte
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Des sports
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